L'aventure à commencé à Sarcelles (Val-d'Oise) en 1989. Une cinquantaine de jeunes, black, gaulois et beurs, se retrouvaient pour mettre en scène une comédie musicale, Teenager, composée par le chansonnier Jean-Luc Salmon: 1800 spectateurs pour une alchimie réussie de poésie, de musique et de travail en commun. Les jeunes - et les moins jeunes, puisque la troupe compte quelques doyens dont la plus âgée a 75 ans - sont tour à tour chanteurs, danseurs, machinistes ou techniciens du son.
   En 1990, des ministères (Jeunesse et Sports, Justice, Solidarité et Culture), le Fonds d'action sociale et l'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'outre-mer, s'intéressent à ce qui était au départ l'initiative de l'association qui gère Teenager (A.C.D.P.A.) et de la mairie de Sarcelles. Des jeunes de Bordeaux, de Bezons et d'autres villes de province viennent grossir la troupe. Ils se croisent lors de tournées ou de vacances à la campagne. Kader, de Sarcelles, apprend à danser à Antoine dont le père élève des chèvres, Jackson d'origine haïtienne conduit le tracteur du père de Damien. Quand il s'agit de danser, de chanter l'amitié et de dénoncer le racisme, la musique est apparemment la même pour tous. On n'ose même plus parler d'intégration. La recette: un but commun - le spectacle - et des relations de respect entre jeunes et adultes, entre jeunes d'horizons différents. Au fil du temps, le saxo MarcelIo a quitté Rome pour rejoindre la troupe et on a vu Valérie, une des anciennes de Sarcelles, sur scène à l'Elysée-Montmartre avec Alpha Blondy. Après une tournée en Allemagne, les Teenager seront à l'Olympia pour une soirée unique, jeudi 2 janvier 1992,

M.-L. C.

Libération - lundi 30 décembre 1991